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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 15:46

Greuze : Le Fils ingrat


Entre la SNCF* échouée sur la grève, l'avion qui se crashe et le volcan qui tousse, les transports des semaines passées ne battirent guère de records de vitesse. Il faut dire qu'avec les tonnes de kérosène qu'on lui postillonne à la figure, il eût été étonnant que la surface terrestre ne finisse par éternuer ! Car la fonte des glaces (due au réchauffement climatique, donc en partie aux transports) diminuant la pression au sommet des volcans islandais, ceux-ci jaillissent joyeusement, comme des bouteilles de champagne sans bouchon. Version aérienne de l'arroseur arrosé : l'enfumeur enfumé.

Sans aller jusqu'à l'austérité mystique de Pascal (le moraliste et mathématicien du XVIIème siècle, pas la star de télé) pour qui « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre », on peut se demander quelle mouche a piqué tant de gens pour qu'ils s'agitent ainsi frénétiquement d'un aéroport bondé à une gare surpeuplée. Entre tourisme de masse et délocalisations insensées, peut-être serait-il temps de revenir à plus de raison ? Qu'y a-t-il donc de si impérissable à l'autre bout du globe qui mérite de déplacer des montagnes de personnes et de fret ?

Comme si l'on voulait croire qu'on pouvait oublier ses soucis et se fuir soi-même en multipliant les kilomètres, alors qu'il est tellement moins cher de pratiquer le « voyage intérieur ». De provoquer des transports de joie et d'émotion en tous genres grâce à un livre, un film, ou simplement un peu d'imagination. 

« S'évader » en pensée. Une belle métaphore. Or « métaphore », en grec, ça signifie « transport » : on transporte littéralement le sens d'un mot de l'abstrait au concret, du propre au figuré. Et c'est drôlement moins lourd que des caravelles d'acier.


Mets ta laine et prends pas froid. Métaphore et prends pas l'train.


Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 30 avril 2010

 

*Après l'Education Nationale - mammouth, voici la SNCF - baleine (échouée).

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commentaires

S
<br /> Ah ça, comme vous y allez ! Voilà que les roles s'inversent, vous êtes sans pitié à l'égard de mes laborieux efforts de modestie.<br /> Ceci étant, soyons honnêtes jusqu'au bout : que votre chapeau sur ce coup ait rejoint le mien depuis longtemps déjà posé au bas de vos articles, est un geste par trop délectable pour se le<br /> refuser.<br /> Mais je vous en prie, ne prenez pas froid.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Hé, hé, voilà que je veillerai, en posant le point final de ces petits papiers, à le faire en forme de porte-manteau... ou de pied de nez, répondant à cette précaution chevaleresque par une<br /> citation cavalière : « Quoi, l'ami, ce croc est à la mode ? Pour pendre son chapeau c'est vraiment très commode ! »  Vous aurez reconnu une variation de celui "que son<br /> nez d'un quart d'heure en tous lieux précède."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je ne suis pas sûr que le "voyage intérieur" soit si bon marché. Au mieux, il n'a pas de prix ; au pire, il en coûte toute une vie de trouver sa destination. Et ce n'est pas dans l'air du temps que<br /> vendent les agences. On se transfert en attendant le transport, assurance annulation incluse, ce pléonasme, qui dit bien l'oubli que l'on achète à coups de souvenirs impérissables. Un besoin<br /> d'ailes quand on ne pourra plus marcher. Le comble de Pascal, en quelque sorte.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> "L'oubli que l'on achète à coups de souvenirs impérissables", et l'Albatros de Charles version Air France.<br /> <br /> <br /> Excellent ! C'est là, en ce commentaire que je vous jalouse, que siège le meilleur du texte ! <br /> <br /> <br /> Chapeau bas ! <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> on peut aussi préconiser le transport amoureux qui n'émet pas de CO2 (je crois...) ;-)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Mais tout à fait ! C'était d'ailleurs bien en ce sens que le glissement de sens allait.<br /> <br /> <br /> En revanche, il n'est point certain que la production de CO2 ne s'en trouve imperceptiblement accrue, le rythme cardiaque et la respiration s'accélérant généralement un peu lors de ce genre de<br /> transports enthousiastes.<br /> <br /> <br /> <br />

Anne Paulerville

  • : La danse du sens
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Il paraît que le sens peut danser sur les mots


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Ces textes furent rédigés pour une presse dite populaire : la prise en compte du lectorat limite donc l'usage des références culturelles et des figures stylistiques.



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