31 janvier 2010
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Le numérique offre de formidables outils, mais aussi des armes d’information massive.
Jusqu’au 29 novembre, le Mois du film documentaire ne se lasse pas de répondre à cette question : « Comment vivrons-nous demain ? ».
Or nous sommes déjà demain en maints domaines, mais nous ne le voyons pas, habitués pourtant à regarder notre avenir en bien sombre à travers les films de science fiction apocalyptiques dont Hollywood nous abreuve. Films qui, au lieu de nous éclairer, nous rassurent par leur outrance même. « Ouf, se dit-on une fois les lumières de la salle rallumées, heureusement que nous n’en sommes pas là ! » Et nous sortons, vite rassérénés, sous les lampions de la ville, pour vaquer à nos occupations de citadins pressés et nous acquitter de nos achats de Noël, bonne conscience toutes voiles dehors, nageant de bonheur en plein océan de surconsommation.
Tel n’est pas le reproche que l’on peut adresser aux films documentaires, qui, au contraire, ouvrent les yeux et réveillent les neurones des spectateurs.
Car quel que soit le domaine, les inouïs progrès récents des scientifiques ont rattrapé, voire dépassé bien des univers imaginés par les auteurs de science fiction les plus fantaisistes.
Bien sûr, les avantages excèdent largement les inconvénients, et nous sommes tous de plus en plus dépendants de ces nouvelles technologies. Nul n’est besoin de bouder les milliers de services rendus.
Seulement, comme avec tout nouvel outil, la prudence s’impose et il s’agit de rester vigilant.
Se souvient-on encore que Jérôme Kerviel fut, entre autres, retrouvé grâce à Facebook ?
Sait-on que l’on peut suivre à la trace le moindre badaud grâce à son téléphone portable, comme une balise Argos attachée à la patte baguée d’un pigeon ? Que tous nos achats effectués grâce à une Carte bleue sont autant d’empreintes laissées qui nous pistent aussi sûrement que les traces de pas d’une harde de sangliers guident le chasseur ?
Que chaque boîte e-mail est aussi transparente pour tout informaticien un peu expérimenté que si l’on ouvrait son courrier privé sur son bureau ?
Sans parler du nouveau programme Edvige, destiné à ficher, de façon préventive, des millions d’informations personnelles sur chacun, afin d’en user en cas d’enquête judiciaire éventuelle. « La Fin des Secrets » en somme. Celle de la liberté aussi ?
Sans céder à la paranoïa irraisonnée, force est de s’avouer que plus nous confions nos trésors au numérique, plus il est difficile de les cacher. Plus il est difficile aussi de les conserver.
Ainsi ignore-t-on souvent que les centaines de photos numériques que nous prenons avec enthousiasme demeurent infiniment fragiles, que la durée d’un CD-ROM excède rarement une demi-douzaine d’années, et qu’il est bien possible que maints souvenirs de famille seront aussi dénués d’images dans une génération qu’ils l’étaient avant l’invention de la photographie.
Or nous sommes déjà demain en maints domaines, mais nous ne le voyons pas, habitués pourtant à regarder notre avenir en bien sombre à travers les films de science fiction apocalyptiques dont Hollywood nous abreuve. Films qui, au lieu de nous éclairer, nous rassurent par leur outrance même. « Ouf, se dit-on une fois les lumières de la salle rallumées, heureusement que nous n’en sommes pas là ! » Et nous sortons, vite rassérénés, sous les lampions de la ville, pour vaquer à nos occupations de citadins pressés et nous acquitter de nos achats de Noël, bonne conscience toutes voiles dehors, nageant de bonheur en plein océan de surconsommation.
Tel n’est pas le reproche que l’on peut adresser aux films documentaires, qui, au contraire, ouvrent les yeux et réveillent les neurones des spectateurs.
Car quel que soit le domaine, les inouïs progrès récents des scientifiques ont rattrapé, voire dépassé bien des univers imaginés par les auteurs de science fiction les plus fantaisistes.
Bien sûr, les avantages excèdent largement les inconvénients, et nous sommes tous de plus en plus dépendants de ces nouvelles technologies. Nul n’est besoin de bouder les milliers de services rendus.
Seulement, comme avec tout nouvel outil, la prudence s’impose et il s’agit de rester vigilant.
Se souvient-on encore que Jérôme Kerviel fut, entre autres, retrouvé grâce à Facebook ?
Sait-on que l’on peut suivre à la trace le moindre badaud grâce à son téléphone portable, comme une balise Argos attachée à la patte baguée d’un pigeon ? Que tous nos achats effectués grâce à une Carte bleue sont autant d’empreintes laissées qui nous pistent aussi sûrement que les traces de pas d’une harde de sangliers guident le chasseur ?
Que chaque boîte e-mail est aussi transparente pour tout informaticien un peu expérimenté que si l’on ouvrait son courrier privé sur son bureau ?
Sans parler du nouveau programme Edvige, destiné à ficher, de façon préventive, des millions d’informations personnelles sur chacun, afin d’en user en cas d’enquête judiciaire éventuelle. « La Fin des Secrets » en somme. Celle de la liberté aussi ?
Sans céder à la paranoïa irraisonnée, force est de s’avouer que plus nous confions nos trésors au numérique, plus il est difficile de les cacher. Plus il est difficile aussi de les conserver.
Ainsi ignore-t-on souvent que les centaines de photos numériques que nous prenons avec enthousiasme demeurent infiniment fragiles, que la durée d’un CD-ROM excède rarement une demi-douzaine d’années, et qu’il est bien possible que maints souvenirs de famille seront aussi dénués d’images dans une génération qu’ils l’étaient avant l’invention de la photographie.
Publié dans l'Union sous nom marital le 19 novembre 2008