9 février 2010
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Entre Champagne et Médina, la première promotion du cirque de Tunis.
Halfaouïne, c’est le nom du quartier de Tunis qui abrite traditionnellement les artistes : chanteurs, poètes, orfèvres,… Mais d’arts du cirque, point ; jusqu’en 2003 tout du moins. « Au contraire par exemple du Maroc où il existe une longue tradition de jonglerie et d’acrobates, il n’y a pas, en Tunisie, de culture circassienne ou d’arts frères » explique Peggy Donck, à la tête d’une association implantée à Reims et qui a pour vocation de développer les arts du cirque et de la rue depuis la Champagne Ardenne, terre de bateleurs depuis le Moyen Age.
«C’est Bernard Turin, l’ancien directeur du CNAC (Centre National des Arts du Cirque) de Chalons, seule école supérieure nationale en ce domaine, qui eut l’idée de créer ex nihilo à Tunis un centre de formation sur le même modèle, implanté dans les locaux du Théâtre National de Tunis. Il fallut prospecter parmi les sportifs de haut niveau venus de la gymnastique ou des arts martiaux du pays pour recruter les premiers professeurs et étudiants. Mais la greffe a pris, puisque le spectacle auquel on pourra assister au Manège de Reims mardi et mercredi prochains est celui de la toute première promotion de cette école. Et c’est une tournée internationale via Rome ou l’Argentine notamment que la troupe vient clore dans la région qui la fit naître outre Méditerranée. Un retour aux sources de l’impulsion à laquelle elle doit son existence. Et le résultat ne manque pas de saveur. Les acrobates tunisiens se sont appropriés les techniques du cirque traditionnel, mais les apprivoisent d’une façon qui leur est propre. Ils s’emparent des agrès avec une énergie instinctive, presque animale, au mépris du danger semble-t-il, et ce rapport direct est vraiment perceptible dans le spectacle. »
La couleur de la soirée évoque avec tout l’exotisme rêvé l’ancienne Carthage. Mais les jeunes acrobates ont eu à cœur de traduire le plus fidèlement possible la vie réelle d’Halfaouïne et de Tunis, et non pas un décor factice de carte postale pour touristes avides de dépaysement facile : aux éléments d’architecture reconstituant l’atmosphère de la médina, portes voûtées et colorées, arabesques et moucharabieh, s’ajoute une ambiance musicale mêlant toutes les influences que l’on rencontre dans ce carrefour central du Maghreb ouvert depuis l’Antiquité au passage de multiples cultures. Gilles Baron et Denis Tisseraud, responsables de la scénographie et de la chorégraphie du spectacle, garants de la structure de l’école calquée sur le modèle français, sont ainsi demeurés à l’écoute des aspirations des jeunes artistes, afin de ne pas plaquer un regard superficiel d’occidental sur un univers foisonnant et complexe.
Publié dans l'Union sous nom marital le 17 janvier 2009