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Jean-Baptiste Corot, Musée des Beaux-Arts de Reims
Soyons original ! Dans la presse, cela s’appelle un « marronnier ». Parler de la rentrée à la rentrée, des vacances au début de l’été, du printemps au moment où les premiers brins d’herbe peinent à pointer le bout de leur nez à travers les tas de boue que sont devenus les jardins sous les giboulées de mars.
Là, plutôt que de marronnier, il faudrait parler de primevère, puisque c’est la traduction exacte du printemps en italien : la « primavera », c’est la « première fois » que les petites fleurs arrivent à se frayer un chemin vers l’air libre. Et le printemps, fort logiquement, c’est le « premier temps » de l’année. C’est la saison que les animaux choisissent pour venir au monde, à l’exception des hommes qui ont le privilège de pouvoir se reproduire en toute saison depuis qu’ils ont inventé le feu et le chauffage central.
C’est aussi la saison en laquelle les femmes rangent leurs gros manteaux, les magazines sortent leurs recettes minceur, et les poètes leur plume et leur lyre, tels des Assurancetourix enthousiastes.
On n’a d’ailleurs pas attendu le festival officiel du « Printemps des Poètes » pour cela : la saison des pâquerettes a toujours inspiré les scribouillards, qui aiment joindre leur chant à celui des rossignols et des mésanges. Au Moyen Age, ça s’appelait la « Reverdie » : le moment où les feuilles reverdissent, et les poèmes retentissent.
On aime d’ailleurs tant le printemps, que pour épargner la susceptibilité des vieux coquets, on les félicite de leurs « 80 printemps », même si leur peau parcheminée comme une feuille morte montre qu’ils ont déjà largement dépassé l’automne de leur existence.
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 27 mars 2009