28 février 2010
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Avec le diptyque présentant « Les Justes » de Camus puis « Les Mains sales » de Sartre, la Comédie fait dialoguer les deux grands écrivains et penseurs de l’après-guerre, dans un théâtre où la tension dramatique naît de l’argumentation.
Les deux pièces, écrites la même année, en 1947, tentent de répondre à la même question. La fin justifie-t-elle les moyens ? Est-il permis de tuer les représentants d’un pouvoir corrompu pour la « bonne » cause ? La violence de l’acte révolutionnaire est-elle justifiable ? Une question hélas d’actualité en ces temps de crise conflictuels.
Cioran disait que les fanatiques épris de justice absolue font plus de dégâts sur terre que les corrompus. Le problème, c’est que les excès des premiers appellent les réactions des seconds.
Il sont pourtant bien séduisants, ces esprits brûlant du feu sacré de l’idéal, prêts à mourir pour des idées. Prêts à tuer, aussi, et c’est là que le bâts blesse. Mieux vaut conclure avec Brassens : « Mourir pour des idées, oui, mais de mort lente. »
Car qui dit pureté, dit purification, dit épuration, et rien de ce qui est vivant n’est pur. Il n’y a de pureté que dans l’inerte du minéral ou de l’idéal. Pas un hasard si les fanatiques vouent un amour immodéré au fer : celui de la guillotine de la Terreur, de l’épée des Croisades ou des terrorismes modernes. Prix du sang à débattre.
Publié dans l'Union sous nom marital le 15 avril 2009