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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 22:07

 A la suite de l’exposition qui eut lieu de novembre à janvier dernier, le musée Le Vergeur publie un catalogue des 33 aquarelles d’Auger représentant le Reims d’avant 1914. Un album où il fait bon promener son regard. Une flânerie où les couleurs ont arrêté le cours du temps.

Il paraît que la nostalgie a mauvaise presse ; qu’il est dépassé, presque malséant d’exprimer avec trop de ferveur son attachement aux vestiges et aux vieilles pierres. Comme c’est curieux ! C’est pourtant ce qui traverse les siècles qui échappe à la mode, qui définit le contraire même de ce qui est démodé, qui approche la fragile éternité de notre éphémère passage sur terre. Et le pouvoir des albums à remonter le temps n’a rien à envier à celui des machines à voyager dans l’avenir. 
Le catalogue de l’exposition publié par la Société des Amis du Vieux Reims fait partie de ces précieuses empreintes. Car ces aquarelles, autant que ce dont elles témoignent, sont des miraculées : commandées par Hugues Krafft, le fondateur de l’association, au peintre Eugène Auger quelques années à peine avant que les bombardements de la guerre de 1914 ne réduisent à néant nombre de ces édifices, ces 33 images furent conservées, dès l’origine, au musée de la place du Forum : elles seules sont rescapées des centaines de tableaux détruits dans la maison du peintre occupée pendant la guerre.

« Afin qu’il demeure un objet rare, une pièce de collection,le catalogue ne fut tiré qu’à 700 exemplaires, précise Mme Cottez, la secrétaire de l’association. Depuis sa sortie le 5 février, la première moitié du stock a déjà trouvé acquéreur.» En promenant ses yeux sur ces pages glacées où la délicatesse des couleurs le dispute à celle des contours, il n’est guère difficile de comprendre pourquoi. « Assorti d’un plan de Reims où chaque planche est numérotée, il propose un véritable parcours de découverte qui part du musée Le Vergeur. »
Et l’on comprend mieux, au fil de ces impressions colorées, combien chaque ville, et en particulier la nôtre, si marquée par les destructions de la Première Guerre Mondiale notamment, ressemble à l’un de ces palimpsestes, ces antiques parchemins sur lesquels les moines ne cessaient d’effacer et de réécrire, faute de place et de nouveaux matériaux. 

Le centenaire de la SAVR est en outre l’occasion de redécouvrir la richesse des fonds de ce musée si discret, cette demeure médiévale, « qui a conservé, avec ses meubles, un parfum et une âme » selon les mots d’Alain Cottez, son président. Outre ses archives, ouvertes au public et aux chercheurs, « dont le fonds initial continue de s’accroître à chaque legs d’une famille désireuse de confier sa mémoire en mains sûres », le musée possède, entre autres merveilles, quarante gravures de Dürer d’une valeur inestimable. 

 Publié dans l'Union sous nom marital le 25 février 2009
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Anne Paulerville

  • : La danse du sens
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Il paraît que le sens peut danser sur les mots


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Ces textes furent rédigés pour une presse dite populaire : la prise en compte du lectorat limite donc l'usage des références culturelles et des figures stylistiques.



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