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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 22:14
 Il fallut bien un détour par le Louvre et le Japon pour rappeler aux Rémois que leur Musée des Beaux-Arts possède la deuxième plus importante collection de tableaux de Jean-Baptiste Corot en Europe. 

Détour par le Louvre d’abord, car c’est la collaboration entre Vincent Pomarède, à la tête de son département peinture, et le directeur du Musée des Beaux-Arts, David Liot, qui permit d’organiser l’exposition. 
Par le Japon ensuite parce que ladite exposition fut d’abord montrée au « Pays du soleil levant ». Amusant quand on sait qu’il « impressionna grandement les impressionnistes », et en particulier Monet. En effet, le peintre du fameux tableau qui leur donna son nom, « Impressions, soleil couchant », n’hésitait pas à affirmer qu’« il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison. » Et il suffit d’observer quelques unes des œuvres de celui qu’on appelle souvent «  le dernier des classiques, le premier des modernes » pour se rendre compte de la virtuosité de ce maître incontesté qui fit grandir son art sans avoir la prétention d’en abattre les fondations. 
Car le talent de Corot (1796-1875) n’a nul besoin pour s’imposer de ces déclarations de guerre tonitruantes des provocateurs à la Rastignac : « A nous deux, Beaux-Arts », qui prétendent révolutionner le monde à la force de leur subversion. Rares d’ailleurs sont ceux qui se présentent ainsi et dont l’œuvre est à la hauteur des ambitions. Mais il est plus aisé de détruire que de construire pour faire parler de soi.
Non, si « le petit père Corot » révolutionna la peinture, ce fut par sa façon de peindre d’après nature, s’immergeant entièrement dans la beauté d’un paysage, dans la durée tranquille d’une journée en plein air, manière dont l’école de Barbizon fut l’héritière.

Qu’on n’oublie donc pas, une fois l’exposition terminée, qu’une salle entière lui est consacrée en permanence, grâce aux collections judicieusement rassemblées par le goût éclairé de donateurs privés comme Henry Vasnier ou la maison Pommery. Car on passe bien trop souvent devant ce musée installé dans les vénérables murs de l’ancienne abbaye Saint-Denis, pourtant fort bien situé à côté du Grand Théâtre, sans savoir les trésors qu’il recèle. 
Mais les foules sont ainsi faites qu’elles ne se déplacent que pour les événements et qu’elles ne remarquent que ce qui bouge, insensibles à la beauté immobile d’un somptueux paysage qu’elles côtoient chaque jour sans le voir. A tel point que le musée devra, pour mieux se faire remarquer, quitter d’ici quelques années son antique cocon plein d’âme pour intégrer les futurs bâtiments qui sortiront de terre à la suite des rails du tramway du côté des Halles du Boulingrin.

Jusqu’au 24 mai au Musée des Beaux Arts, « De Corot à l’art moderne, Souvenirs et variations ».

Publié dans l'Union sous nom marital le samedi 28 février 2009
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Anne Paulerville

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Il paraît que le sens peut danser sur les mots


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