27 février 2010
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Au Manège, on ne tourne pas en rond : on zigzague.
Du 12 au 15 mars, « Zig-Zag », c’est tout un programme que nous propose le Manège en collaboration avec la Ferme du Buisson de Marne-la-Vallée.
Pas moins de sept rendez-vous qui devraient aider le public à répondre à la périlleuse question suivante : « L’art peut-il faire rire ? ». La réponse ne va pas de soi, car on oppose souvent la noblesse du tragique au trivial du rire, le burlesque des valets bastonnés de Molière à la grandeur des princes éplorés de Racine. Pourtant, le comique a ses muses antiques officielles. Et c’est dans une palette multicolore que chacun pourra trouver les vibrations qui chatouilleront ses zygomatiques : de la chorégraphie syncopée et jazzy de Georges Appaix à l’exposition d’arts plastiques animée d’Antoine Defoort où l’on joue au tennis avec des guitares, où l’on trouve des airs de famille entre Michael Jackson et Pergolèse, il y a un monde de nuances.
Tout aussi différent, dans « Hors sujet ou le bel ici » de Martine Pisani, le rire naît de l’improbable rencontre entre des textes de Paul Claudel, Jack Kerouac, Mallarmé, Sartre ou Shakespeare,… et des interprètes lunaires, clownesques, tout étonnés d’atterrir sur le plancher du réel.
Mais c’est vendredi 13 que la pierre philosophale du rire sera révélée au public par Jos Houben qui joint le geste à la parole pour décortiquer, analyse et mime à l’appui, les raisons de ce rire, propre de l’homme selon Rabelais. Bergson le définissait comme une « mécanique plaquée sur du vivant ». Jos Houben l’affine en montrant que l’essence du rire est la chute, c’est-à-dire précisément ce qui ôte à l’homme sa spécificité : sa verticalité. Ce qui le fait déchoir de son humanité de bipède pour lui rappeler que la terre est basse et que la chute est dure.
Et c’est à Marne-la Vallée que l’on pourra vérifier toute la nuit la justesse de cette démonstration, avant de se réconforter le lendemain avec un goûter cinématographique réjouissant. Si la morosité résiste encore à ce déferlement de rire, c’est à désespérer.
Publié dans l'Union sous nom marital le 11 mars 2009