7 mars 2010
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Quand on entend 6 juin, on pense au « D Day », au débarquement du 6 juin 1944 où des dizaines de milliers de soldats se font massacrer sous un dantesque déluge de feu pour délivrer l’Europe.
Mais le 5 et le 6 juin 1832, c’est aussi une insurrection qui inspira à Victor Hugo les chapitres des Misérables qui coûtèrent la vie à Gavroche, sur les barricades que les Républicains érigèrent pour renverser la toute jeune Monarchie de Juillet, pourtant née de la révolte des Trois Glorieuses, à peine deux ans auparavant
Mais la révolution est une kermesse folklorique, une tradition bien de chez nous, comme le camembert ou le vin rouge. Chaque printemps, pendant que bourgeonnent la pâquerette et l’acné, le jeune rêve de lancer du pavé, comme papa. C’est simple, pour combattre la misère, cassons tout et recommençons. Du passé faisons table rase, et asseyons-nous y vite pour être les premiers servis par le nouveau régime. On le sait bien, pourtant, que la violence des révolutions ne fait souvent que remplacer les anciens privilégiés par de nouveaux, et qu’il est mille autres façons de faire avancer une société que de la mettre par terre à grands coups d’état dans les tibias. Certes, plus les puissants sont durs d’oreille, plus la rue doit crier fort. Mais s’il suffisait de hurler sa colère pour rendre les injustices moins criantes, ça se saurait.
Car la vie politique française ressemble à un vaudeville où l’on claque les portes du pouvoir avec frénésie à la moindre contrariété : de 1792 à 1871, nous avons tout de même été capables d’accumuler pas moins de dix régimes politiques en à peine un siècle ! Comment veut-on que nos voisins anglais perdent une occasion de se payer notre tête, du haut de leur monarchie parlementaire multiséculaire ?
Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 5 juin 2009